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William Velasquez

Artiste
Né en 1965 à Bogota (Colombie).
Études à l’École des Beaux-Arts de Bogota.
Vit et travaille en France

Contact
20 rue Baldung Grien
67720 Weyersheim
Téléphone : 06 87 27 85 63
E-mail : velasquez.william@gmail.com

Sculpture

Technique favorite
Moulage


Secrets et confidences

Sculpteur discret mais pugnace, William Velasquez a basé son œuvre sur la technique délicate de la pâte de verre. Avec peu de moyens, ce jeune artiste franco-colombien réalise des pièces très élaborées, au service d’une émotion à vif, empreinte d’échange, d’amour et de pudeur. Loin des habituelles inspirations issues de la beauté de la nature, il aborde de plein fouet les relations humaines, au risque d’être taxé d’utopiste par certains esprits usés.

Quand les Beatles chantaient « All you need is love », le monde entier reprenait le refrain avec enthousiasme. Aujourd’hui, la simple évocation du mot amour fait sourire, dans une époque auto satisfaite de son désastre affectif. Sur ce simple constat, William Velasquez, 37 ans, a bâti une œuvre humaniste et philanthropique. Le public de ses expositions tourne avec curiosité autour de ses « boîtes » translucides laissant deviner un foyer coloré. Chacun découvre à l’intérieur un petit monde de verre fait de billes, d’œufs, de cœurs, libres ou assemblés par du métal. En fouillant dans cette boîte à trésor, il arrive que l’on découvre quelques phrases gravées dont la plus directe est : « je t’aime ». William Velasquez se délecte des réactions que font naître la surprise, cette interactivité nourrit son art et son âme. Timide et réservé, c’est sa manière de se libérer et de communiquer. Ses contenants à secrets mènent cependant une autre vie. Micro architectures jouant de la rigueur d’assemblages géométriques ou géodésiques raffinés, elles sont, avant leur ouverture, de véritables sculptures intemporelles. Cette maîtrise des volumes découle de la formation de sculpteur que l’artiste a suivi en Colombie et en France.

Ses débuts à l’Académie des Beaux-Arts de Bogota sont marqués par un enseignement académique qu’il devait suivre assidûment sous peine de se voir retirer les bourses d’études. Cadet d’une famille de 12 enfants, William n’a pas d’autre choix que de réussir. Lors d’un voyage en France où il possède des attaches familiales, l’étudiant découvre une autre perception de l’art. Aidé par des amis, il s’installe dans l’Est et entre à l’École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg, section sculpture. Un bouleversement pédagogique radical. Rapidement, la section verre de l’établissement l’intrigue et il « squatte » l’atelier de plus en plus souvent jusqu’à s’y intégrer pleinement. « Au début, raconte-t-il, on m’a appris à couper le verre plat et à l’assembler pour créer des cubes et des pyramides. J’ai rapidement commencé à réaliser mes propres sculptures. Lorsque j’ai obtenu mon diplôme, section verre, nous commencions à expérimenter le moulage. C’était de la cuisine, nous le faisions dans des fours de thermoformage et la recuisson, très longue, dans ceux de l’atelier céramique ».

Paskine de Gignoux, galeriste et conseiller de l’école, l’invite à exposer en groupe pour la première fois. William Velasquez profite d’une année supplémentaire de perfectionnement au sein de l’école pour affiner son vocabulaire plastique dans lequel le moulage prend de plus en plus d’importance.

En 1993, il installe un embryon d’atelier dans une grange prêtée et rénovée par les amis qui l’ont accueilli en France. Lorsque le toit ne lui tombe pas sur la tête, avec un four de céramique récupéré, il commence à produire des pièces basées sur la tension et l’équilibre dans lesquelles des parties métalliques patinées sous-tendent ou provoquent la pâte de verre. Quelques expositions suivent et Velasquez se bat quotidiennement pour réaliser des prouesses techniques avec un matériel primaire.

En 1996, Louis Mériaux, fondateur et directeur artistique du Musée-Atelier du verre de Sars-Poteries, cherche de jeunes artistes pour participer au programme « d’artistes en résidence ». William est retenu. « C’était difficile pour moi de sortir de mon cocon et de me retrouver isolé. C’est de là que sont issues les premières écritures gravées sur ou dans le verre. J’ai écrit « Je t’aime » sur le verre parce que je ne pouvais le dire autrement. Un message destiné à ma famille et tous ceux qui m’ont accueilli et aidé en France. On avoue rarement aux gens qu’on les aime. Cela m’a libéré ».

Les oeuvres nées de cette expérience sont marquées par un graphisme basé sur les tensions symbolisées par des rubans ou des fils de métal. Légères, ténues, elles semblent prêtes à rompre au moindre souffle. « C’était un jeu aérien, un amusement. Je me disais : jusqu’où puis-je aller avant que cela ne casse ? Affectivement, cela me correspond. J’emmagasine, mais n’explose que très rarement. Je ne supporte pas la violence sous toutes ses formes. Ces pièces-là sont le reflet de mes tensions ».

Aujourd’hui, William Velasquez est un artiste reconnu. Il travaille toujours dans le même atelier, utilise souvent le « système D » pour concevoir des réalisations de plus en plus exigeantes au niveau technique. Lors de sa récente exposition galerie « L’Éclat du Verre » à Paris, un nouveau vocabulaire a défrayé sa chronique personnelle, celui du secret. Loin d’une forme de dissimulation, ces œuvres sont à l’inverse, une invitation. « Je veux provoquer la découverte, commente l’artiste. L’aspect translucide du verre renforce le mystère. Les spectateurs sont anxieux : j’ouvre ou non ces boîtes ? Un peu comme dans les relations humaines : si on ne va pas vers les gens, on ne les découvre pas. Si l’on ne s’attache qu’à l’apparence, on peut passer à côté de quelqu’un qui peut devenir cher. Quand ils ont osé, les gens se retrouvent comme des gamins devant un trésor. Un souvenir d’enfance. Ma sœur me permettait d’ouvrir sa boîte à secrets et à bijoux et je m’en souviens comme d’un émerveillement et d’une preuve d’amour ».

William Velasquez va encore plus loin, jusqu’à écrire un message à l’intérieur d’une pièce. Les possesseurs sont prévenus qu’il faut la briser pour le lire. L’angoisse monte d’un cran, l’interactivité atteint son paroxysme.

Preuve que le verre, dans ses différents états de matières, révèle bien des états du caractère humain : la transparence, l’opacité plus ou moins dense, la clarté, la brisure et… la réflexion.

Discreet but fighting sculptor, William Velasquez based his work on the fine technique of « pâte de verre ». With little means, this young Franco-colombian artist creates very sophisticated pieces, to express a real emation made up of exchange, love and modesty. Far from usual inspirations get from the beauty of nature, he directly tackles human feelings, taken the risk to be called utopian by disillusioned minds.

Par : T.B.

Source : Verre volume 8, N°2. Mai 2002


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